vendredi 28 février 2014

Caraco et chapeau à la Henri IV

Article issu du périodique la "Gallerie des modes" XIe cahier,5e suite, 3e figure (1778)



Le costume qu'offre cette gravure, respire un ton de volupté dont il est difficile de se défendre; aussi est-il choisi de ces beautés que Salomon appelle des carquois propres à recevoir toutes sortes de flèches.

Ce costume est composé de quatre pièces principales, dont voici le signalement.
1° Sur une frisure en chien couchant, avec deux boucles à jour tombantes, est placé un chapeau à la Henri IV, orné de tous ses apanages; la forme, les bords, & le panache sont de couleur noire.

Caraco d'été très-court, laissant entièrement le sein en liberté; Le caraco est garni de gaze à larges rayes en travers.

Jupe éclipsée dans les deux tiers de sa hauteur par un volant de mousseline des Indes, à larges rayes, semblables à la garniture.
C'est aux caracos que les jupes sont redevables d'être environnées de vastes volants dans tout leur pourtour; elles n'avaient autrefois que des demi-volants, ou falbala par devant : il fût même un temps, qu'on ne portait sous les robes qu'une fausse jupe appelée par cette raison, un tablier, ou une trompette.
Le premier volant ne fut qu'une bande assez étroite attachée au bas du jupon par ses deux extrémités. On ne le captiva par la suite que dans son extrémité supérieure, & long-temps il resta dans cet état de modestie; mais les caracos ayant perdu de leur longueur, on s'avisa de remplir le vide qu'il laissait sur la jupe, en donnant plus d'élévation aux volants. La mode des polonaises, ou robes retroussées, acheva d’étendre l'empire des volants: de garniture qu'ils étaient, ils devinrent partie essentielle de l'habillement, & reçurent eux-mêmes, les garnitures les plus agréables & les plus variées.
C'est aussi aux caracos & aux polonaises, que l'on doit l'usage des tabliers; ils remplissent ordinairement tout l'espace qui se trouve depuis la taille jusqu'au volant; quelque fois, comme dans la gravure, ils couvrent entièrement le devant de la jupe. les premiers sont garnis dans leur pourtour, les autres n'ont point de garnitures, lorsque la jupe en est munie. Mousseline des Indes, linon & filet, uni ou brodé, telles sont les étoffes qui ont le privilège exclusif de les composer.

4° Le mantelet semble, au premier aspect, dérober une partie des grâces de cet élégant costume, mais l'effet ne répond point à  la cause.
Cette partie de vêtement, à l’égard du reste de la  parure, peut être comparée à l'ombre dans un tableau : ce qui produit l'illusion, est fort éloigné de la détruire.
C'est donc avec raison, que cette Belle s'est enveloppée d'un vaste mantelet à coulisse & à flammes évasées; avec lui, elle n'a point à craindre que le sein le plus beau reste inconnu; les flammes évasées sont même très-favorables aux tailles potelées, qui ont besoin d'être éclipsées sous une vaste, mais légère draperie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire