jeudi 20 février 2014

Mantelet sur polonaise du matin ou demi-polonaise

Article issu du périodique la "Gallerie des modes" IXe cahier, 3esuite, 5e figure 1778




Le Mantelet est une espèce de petit manteau ou draperie légère, destinée à couvrir le haut du corps; il est exclu de la grande parure, & toutefois il a pris tant de faveur, qu'on s'est accoutumé à le regarder comme une partie essentielle de l'habillement des Dames.
Le taffetas en été, le satin en hiver, sont les deux étoffes principales qu'on emploie pour les mantelets : on a porté des mantelets de dentelle noire, mais ils sont tombés en discrédit; on les a relégués en province : les mantelets de dentelle blanche, & de mousseline des Indes unies ou brodées, & doublées de rose, ont pareillement été en vogue; ils sont même encore en honneur, mais ils ne s'accordent pas avec tous les habillements, ainsi qu'on aura occasion de le remarquer par la suite.

Les mantelets, dans leur origine, furent très-imparfaits; on croyait avoir fait merveille en joignant par derrière deux morceaux de taffetas qu'on allongeait par devant, pour former ce qu'on appelle les pointes ou les flammes; on les porta fort courts & sans capuchon : vinrent ensuite les mantelets très-amples; cette mode passa : ils furent retroussés sur le bras, d'autres les échancrèrent dans cette partie; une petite capuce, attachée à un collet arrêté, parut au commencement très-agréable, & les Dames s'enveloppant la tête  dans leur capuchon, croyaient être admirables; les grandes coiffures étaient survenues, il a fallu rechercher d'autres expédiens; la capuce a été rejetée sur les épaules; elle est devenue un simple ornement; on lui a subsisté les thérèses, les calèches : on trouve également que les collets montés ne convenaient qu'à des précieuses; on fit des collets à coulisses : & les capuces, obligées de se conformer à cette mode, devinrent d'une grandeur démesurée, sans être plus utiles : enfin, l'introduction des polonaises apporta les mantelets à flammes effilées & à flammes évasées; c'est la dernière révolution arrivée à cette partie de l'ajustement des Dames Françaises.

La figure offre une jeune Bourgeoise, se promenant par ordre du Médecin; elle est vêtue d'une polonaise du matin, ou demi-polonaise, composée de deux ailes & d'une queue, garnie en gaze,à larges bandes et plis ronds, ayant une tête.    
Le haut du corps est entièrement éclipsé par un mantelet de taffetas, garni de gaze: ce mantelet est à coulisse & à flammes effilées, descendant jusqu'au genoux.
Volant très- haut, avec une bande en chef, pareille à la garniture de la demi-polonaise, arrêtée des deux côtés, & servant de champ à un rouleau de gaze noué en bouillons, avec des rosettes; chaque bouillon captivé par une faveur, se perdant autour du rouleau.

Coiffure en racine droite, la coque ou physionomie élevée en cœur; de chaque côté, quatre boucles en-dedans; point de favori.

Bonnet à l'Amériquaine, avec une guirlande de rose, à droite; & à gauche, un ruban pincé dans le milieu par une fleur, & un bouillonnées à leur extrémité.

Bague au doigt, canne au poing, éventail & bracelets, cordon de cheveux sur le côté, Rosette à six feuilles sur les souliers; rien n'a été omis quoique le Docteur ait conseillé de se promener en robe négligé & sans prétention, pour dissiper les vapeurs.

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