lundi 17 février 2014

Robe à la Circassienne ou Circassienne

Article issu du périodique la "Gallerie des modes" VIIIe cahier, 2nde suite, 2e figure 1778



De toutes les beautés qui ornent le sérail du Grand Seigneur, il n'en est point qui égalent celles qui viennent de Circassie. On serait tenté de croire que dans cette heureuse contrée, la nature prend plaisir à ne former les femmes, que d'après les modèles les plus agréables & les plus parfaits; leur habillement répond à leurs charmes; & si les Grâces n'étaient pas nues, elles n'auraient point adopté d'autre habit. Mais il n'est pas donné à toutes les femmes d'en faire usage : une taille légère & presque aérienne, doit seule aspirer à cet avantage.
Cet habillement est connu sous le nom de robe à la Circassienne, ou simplement de Circassienne : il est composé d'une soubreveste à longues manches fort étroites, d'une robe ou manteau retroussé par devant, sur les côtés & par derrière; les manches très courtes, coupées en bouchon de canon, d'où semblent sortir les manches de la soubreveste; une jupe à la musulmane, dont la ceinture va se perdre sous la soubreveste, & retenue des deux côtés au dessus de la cheville du pied, est la dernière qui entre dans la composition des Circassiennes.
Les fourrures les plus belles & les précieuses, ont le privilège exclusif d'en former les garnitures.
La Circassienne, en venant à Paris, s'est un peu francisée : la jupe en musulmane ou vaste-caleçon, n'a point été adoptée; le privilège des fourrures a été modéré, la soubreveste a pris des manchettes; les draperies n'ont été relevées qu'à deux tems : mais malgré ces changements, elle n'a presque rien perdu de ses grâces & de sa légèreté.

La Circassienne que la figure représente, est vue par derrière; l'étoffe est de satin lilas, avec une large bande de blonde chenillée pour garniture; cette bande est barrée dans son centre par un ruban tigré, tigré & circulant dans tout le pourtour de la circassienne, retroussée avec des noeuds & des glands; le Graveur l'a retroussée fort bas, pour mieux en faire sentir les contours; mais dans la règle, elle doit être relevée haute, & de manière à laisser voir une partie de la jupe.

La carrure est dessinée par trois ganses d'or, dont celles des côtés sont ornées de glands à leur extrémité supérieure; les manches très courtes, munies d'une bordure mise en barrière, pareille à la garniture; les manches de la soubreveste, satin gros jaune, garnies de bons-hommes ou petites manchettes à deux rangs.

Jupe de satin pareil à la soubreveste; volant peu élevé, coupé aux deux tiers de la hauteur, par un ruban semblable à celui de la garniture.

La coiffure à volonté; celle de la figure est composée d'un chapeau à parasol; les bords de blonde noire, avec un turban de gaze à bouillons; pour ganse un ruban tigré, dont les extrémités s'échappent du côté gauche, après avoir fixé un bouquet de fleurs; la forme du chapeau est ombragée par un panache avec aigrette.

Chignon noué en lacs-d'amour, couronné par une rosette de ruban tigré, d'où sortent deux boucles en coeur, le tout surmonté d'une toque ou grosse touffe de cheveux en rouleau.

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